Bonjour à toutes et tous,
Parlons un peu de ce que l’on appelle non sans une certaine ambigüité voyance, et que j’aurai plutôt tendance à qualifier de divination. Pour moi la voyance est un phénomène d’images mentales spontanées que perçoit une personne au contact d’une autre et sans support, je n’innove guère en avançant cela. Je n’en ai jamais rencontré par contre j’ai rencontré ce que j’appelle moi des divinologues (pardon pour le néologisme qui signifie simplement la capacité à agencer, puis à interpréter l’organisation d’un certain nombre de signes pour définir une conséquence probable). Au fond la divination au moyen d’un support ne serait qu’un exercice de probabilités non mathématique, encore que ça on ne le sait pas personne n’a étudié à ma connaissance le sujet sous cet angle.
Je m’explique, la lecture d’un futur probable à l’aide d’un support permet d’exposer une situation à un consultant. C’est un peu comme si les cartes permettaient de décrire à un enfant qui ne saurait pas ce que c’est, un paquet de m & m. On peut lui décrire l’emballage, les bonbons de chocolat à l’intérieur et lui dire qu’il y en a de différentes couleurs, des bleus, des verts, des rouges, des jaunes, etc….Si l’on est très fort on peut même lui dire que les plus nombreux sont les rouges. Compte tenu de cet état de fait, on peut aller jusqu’à lui dire que s’il glisse sa main dans le paquet, il y a de bonne chance pour qu’il en sorte un rouge. C’est une probabilité mais quid du fait que pour autant il n’est pas totalement improbable qu’il puisse en sortir un vert, un bleu, un jaune etc….
Et c’est là que peut-être se situe une certaine ambigüité. La personne qui consulte a souvent des attentes fortes, pour ne pas dire même quelques fois insensées. Il est plutôt rare que l’on consulte quand on gagne 4000€ par mois que l’on s’éclate dans son travail, et que l’on a une femme adorable avec lequel on vit le grand amour. Certains professionnels, pour des raisons commerciales entretiennent un certain mystère ésotérique autour de leur art, qui selon moi n’a pas forcément lieu d’être et le consultant en attente forte (quelque fois il s’agit même de son dernier recours), se met à confondre le « lecteur » de signes avec un magicien.
C’est ici qu’intervient non pas la parapsychologie mais tout simplement la psychologie. Le consultant met en place des filtres qui lui permettent de sélectionner l’information pour la faire coïncider avec ses attentes et nourrir ainsi des espérances qui au fond n’auraient peut-être pas lieu d’être. Prenons un autre exemple pour illustrer. Imaginons que je consulte une spécialiste des tarots qui me dit que va ressurgir de mon passé une personne avec laquelle j’avais des liens affectifs, et que l’entente sera bonne. Ce que la tarologue ne sait pas, et oui elle n’est pas voyante, c’est que j’ai eu une rupture amoureuse qui a laissé des traces car au fond j’aime toujours cette personne. Dix jours plus tard, en ville je rencontre une ancienne copine de fac que j’aimais bien, on est super content de se voir se promettant même de se revoir. Quelques temps après en tant que consultant je penserai la tarologue m’a raconté n’importe quoi, obsédé que je suis par cet amour déçu et oubliant complètement la rencontre avec la copine de fac. Ce phénomène est du aux filtres mentaux que je mets en place et qui entraîne une sélectivité de la mémoire.
Un autre aspect à mon avis perturbe la consultation, c’est cette fois ci non pas le consultant mais le tarologue lui-même. A chacun ses croyances. Quand je demande une consultation je ne vais pas à tout bout de champ entraîner le tarologue sur le chemin de la bible si je suis chrétien, ou du coran si je suis musulman. Il s’agit de ma sphère intime de mon faisceau de croyances, ce qui m’anime et me permet de me situer en tant qu’être humain. Alors si je consulte un spécialiste du tarot, c’est pour la maîtrise réelle ou supposée de son art qui nécessite avant tout un long apprentissage, et pas parce qu’il l’attribue à Dieu, à un Saint, à un guide, ou à la fée Mélusine. Il n’a pas à m’entraîner dans son registre de croyances, d’une part ça peut être une agression et d’autre part c’est contre productif car ça peut générer un blocage chez le consultant.
A travers les situations décrites, je vois là les risques les plus fréquents inhérents à une consultation. Le risque du filtre quant à lui est bien sûr présent d’en d’autres comportements de la vie mais il est ici amplifié compte tenu des attentes du consultant et de sa sensibilité émotionnelle par rapport à cette attente
Finalement pour qu’une consultation se passe bien ne faudrait-il pas que le (la) tarologue oublie un peu l’ésotérisme à deux balles que quelques fois il met à toute s les sauces et pas toujours les meilleures. Ne faudrait-il pas aussi que le spécialiste n’accepte pas une consultation avec un demandeur complètement perturbé, obsédé par son ou ses problèmes, je sais ce n’est pas facile, et enfin ne faudrait-il par arrêter avec le genre une question 10 €, parce que ça sert à rien car on fond une consultation ne peut avoir qu’une certaine durée, pour mettre en place un peu comme le fait un psy , un entonnoir analytique qui permet de déblayer tout le champ du problème. Ici l’entonnoir analytique serait un faisceau de questions partant du général au particulier avec tirage sur chaque question.
Je précise pour qu’il n’y ait ambigüité que je suis un curieux qui conserve son sens critique et non quelqu’un d’hostile aux pratiques divinatoires ou je ne serai pas dans ce forum. C’est juste une simple réflexion compte tenu qu’il m’est arrivé d’être client de tarologues.